X25 – Tour d’horizon

Le protocole LAP B que nous avons étudié dans ce cours était très utilisé par les liaisons X25. Il m’a semblé intéressant de rappeler rapidement ici, ce qu’était X25 (et l’ai encore un peu …), avant qu’il disparaisse complétement !

Introduction

Dans les années 70 à 90 environ, en France et en Europe le choix des entreprises pour la création d’un réseau de données étendu était relativement limité. Il y avait X25, et … X25. Accessoirement il était toujours possible d’utiliser un support dédié à base de liaison louées. Le prix du mégabits était à cet époque prohibitif mais les applications étaient également moins gourmandes en bande passante.

Le mode de communication privilégié était de type « émulation de terminal en mode caractère« . Les procédures de transmissions utilisées était au mieux de type « bloc de données » comme VIP (Bull). C’était la folle époque d’IBM avec son architecture SNA et de Digital avec ses VAX et son DecnetPhase IV, son LAT et son MOP infernal ! Toutes ses architectures présentaient des caractéristiques similaires :

  • un fonctionnement en mode connecté qui impliquait le maintien de sessions
  • une interface utilisateur sommaire, épurée voir archaïque en regard des beaux écrans graphiques d’aujourd’hui
  • un volume de données entre le terminal utilisateur et le serveur assez faible mais très exigeant en terme de délai et de fiabilité

Nous étions donc bien loin des applications Voix sur IP ou visioconférence d’aujourd’hui ou même plus simplement des environnements graphiques comme Windows ou HTTP. La bande passante nécessaire entre les terminaux et les serveurs était donc moins importante et c’était tant mieux en regard de son prix d’alors !

Les réseaux à base de liaisons louées étaient nombreux mais étaient tout de même réservés à une élite fortunée, d’autant plus qu’en regard du mode de fonctionnement des applications nous étions souvent très loin de la congestion et que même si les débits étaient faibles les liens étaient peu rentabilisés !

Enfin, le dernier problème, et non des moindres, était l’interopérabilité ! Les entreprises ressentaient de plus en plus le besoin d’échanger des informations entre-elles (clients, fournisseurs, prestataires, filiales, etc.) mais étaient confrontées à la sacrosainte main mise des constructeurs. IBM et Digital les acteurs majeurs de l’époque s’ingéniaient à développer des environnement totalement incompatibles, non seulement sur le format des données mais également sur les modes de communication. Interconnecter un environnement Digital avec un environnement IBM relevait des travaux d’Hercules !

C’est alors qu’est naît le concept d’un réseau de données offrant :

  • une ouverture normalisée des systèmes, tout au moins au niveau des communications. Pour les formats de données, le combat n’est toujours pas fini ! Peut-être qu’XML finira par mettre tout le monde d’accord un jour !
  • une facturation à l’usage. Ce mode était très adapté aux communications de l’époque, faibles en volume. Si l’on pouvait facturer sur le volume échangé et non pas uniquement sur le débit souscrit ceci permettait de disposer d’un bon débit quand on trafiquait et de ne payer que ce que l’on envoyait !
  • un protocole de communication robuste, fiable et flexible. Il devait assurer une transmission exempte d’erreurs, offrir un service de réseau performant et offrir des services complémentaires vitaux tels que l’identification des appelants, l’unicité des adresses (c’est la moindre des choses), des groupes fermés d’abonnés (des réseaux privés virtuels !), etc …
  • des modes d’accès divers répondant au plus large besoin, depuis l’accès direct haut débit (jusque 2 Mbps maximum à l’époque … Hi ! Hi !), à l’accès par RTC à 9600 bps en passant par des accès RNIS canaux B ou D, etc.
  • une ouverture la plus large possible. Par un seul et même accès pouvoir accèder à l’ensemble des abonnés au réseau de par le monde, à l’image du réseau téléphonique seule réponse de l’époque ! L’idéal étant d’être en mesure de discuter simultanément avec plusieurs abonnés au réseau par un seul et même accès, ce qu’était totalement incapable de faire le réseau téléphonique (il l’est d’ailleurs toujours !).

Le cahier des charges d’X25 était posé !

Principales caractéristiques

Il est judicieux ici de distinguer deux aspects :

  • les caractéristiques du protocole X25 que l’on retrouvera dans tous les réseaux X25 et notamment dans le cadre des réseaux privés X25 construit par des entreprises pour leurs propres besoins
  • et les caractéristiques du réseau X25 Transpac, leader européen et même mondial dans cette technologie. En effet, le réseau X25 n’a pas d’équivalent mondial en terme de taille, nombre d’abonnés et fonctionnalités. Ceci est en partie dû au fait qu’il a longtemps supporté les services Minitel dont nous avons encore en mémoire l’explosion dans les années 70-80. Aujourd’hui Internet s’efforce en France d’atteindre ce niveau d’implantation !

Le protocole X25 :

  • est un protocole de niveau 3 de transmission en mode paquet. Toutefois attention ! La norme X25 est définie sur 3 couches (couches 1 à 3). Notamment au niveau 2 on utilise un sous ensemble d’HDLC nommé LAP B. Pour désigner la couche 3 d’X25 on énonce communément X25.3 ou X25 PLP (Packet Layer Protocol).
  • permet d’établir des connexions simultanées avec plusieurs correspondants X25 par le biais des voies logiques. Celles-ci correspondent à des numéros affectés à des paquets qui permettent ainsi d’identifier des circuits virtuels.Cette approche est extrêmement courante on la retrouve notamment en Frame Relay (les DLCI qui identifient des CVP) et en ATM (les VC et VP).
  • assure un service de réseau hyper fiable. On entend par là qu’il livre un service pratiquement exempt d’erreurs ou de pertes de paquets ce que les applications apprécient énormément. Mais tout à un prix ! En effet, pour garantir ce niveau de service, le protocole met en oeuvre un grand nombre de mécanismes qui consomment énormément de ressources et impliquent une limitation dans la montée en débit et un coût prohibitif. D’autant plus qu’en regard de l’amélioration incontestable de la qualité des supports ces mécanismes deviennent souvent superflus.
  • fourni des garanties d’identification des appelés et des appelants assez fortes. Notamment l’adresse d’un utilisateur, ou serveur X25, est fixée par la porte d’accès au réseau et non pas par une adresse programmée sur le poste comme en IP. Ceci permet de mieux controler la cohérence de l’adressage et de diminuer les risques d’usurpation !

Le réseau X25 Transpac en plus des caractéristiques du protocole apporte :

  • une très grande diversité des modes d’accès : RTC (Réseau téléphonique, pour ceux qui ne saurait pas !) avec ou sans identification (X32 par exemple), RNIS canal B et D, liaisons fixes et permanentes de 64 Kbps à 4 Mbps (les bas débits 2,4 à 19,2 kbps ont été abandonné il y a quelques années).
  • des services à valeurs ajoutées utilisant les capacités de la norme X25 à gérer des options. On trouvera par exemple les GFA (Groupes Fermés d’Abonnés), le PCV (faire payer à l’appelé les communications), l’intégration avec le réseau Télex (de moins en moins au goût du jour grâce au Fax !), des services EDI (Edition de Documents Informatisés), de la messagerie X400, etc.
  • le passerellage Vidéotex qui permet via une ligne téléphonique d’accèder à des PAVI (Point d’Accès VIdéotex) qui assure la conversion « Nom de service – N° X25 » (Ex : ULLA = 04234004566) et la fonction PAD (Packet Assembleur-Désassembleur) qui compile les caractères émis en mode asynchrone par le Minitel des des paquets X25.
  • plus récemment des passerelles X25/IP ont été mises en place pour assurer une interconnexion des deux « mondes ».

Structure générale et fonctions

Je l’énonçai précédemment, X25 est une normalisation OSI (pas si courant, une norme OSI qui est utilisée !) définie sur 3 niveaux.

Le niveau 1, couche physique, standard est la norme fonctionnelle V24 mais les normes X20/X21/X24 sont également valides. Pour la partie électrique de la normalisation on utilisera la solution la plus adaptée au débit souhaité (V28 pour débit <= 19,2 Kbps, V35 ou V11 au-delà pour faire simple). Mais dans l’absolu X25 peut fonctionner sur n’importe quel type de transmission physique à partir du moment où la liaison est SYNCHRONE ! Je vous renvoi au cours OSI (couche Physique) pour un raffraichissement de ces notions. Si une liaison est ASYNCHRONE, il sera nécessaire d’utiliser une fonction PAD par les protocoles X28/X29/X3 !

Le niveau 2, couche Liaison, est basé sur un sous-ensemble de la procédure HDLC, le LAP B (Link Access Protocol). Cette procédure assure principalement :

  • la connexion de niveau 2
  • la transparence au code utilisé (rappelez-vous la moulinette 7E du cours OSI, couche liaison)
  • le contrôle d’erreurs et des mécanismes de reprise sur erreur
  • la vérification du séquencement
  • un contrôle de flux de niveau 2

Le niveau 3, couche Réseau, est appelé X25.3 ou X25.PLP, il est le coeur d’X25, il assure principalement :

  • l’établissement des connexions de niveau 3. Facile à dire mais nécessite énormément de ressources (gestion d’adressage, surveillance des connexions établis, procédures de déconnexions, etc.)
  • le multiplexage temporel dynamique des connexions (Hé ! Hé ! Rassurez-vous on y reviendra !)
  • le contrôle de flux sur la connexion de niveau 3, de bout en bout. Ici on utilise un mode dit de gestion par Fenêtre ou par Crédit on y reviendra également.
  • la garantie de séquencement des paquets (rappelez-vous que ce n’est pas le cas d’IP).

Conclusion du chapitre

Il s’agissait ici uniquement de vous proposer une synthèse d’X25. Ce cours ne présente pas le niveau 3 d’X25 mais vous a permis  de comprendre de nombreux mécanismes comme la gestion de connexion, le contrôle de séquencement ou les reprises sur erreur à travers la présentation qui vous a été faite du protocole LAP B dans les pages précédentes.

Même si vos préoccupations d’aujourd’hui vont sans doute vers des architectures et des protocoles moins ancien, plus dans le vent comme IP, ces pages avait essentiellement pour objectif de vous « imprégner » d’une culture téléinformatique qui forcément vous servira un jour !!

Courage … La connaissance est au bout du chemin !

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